Pilule “miracle” pour perdre du poids
Une pharmacie à Genève. Sur le comptoir, une publicité pour Alli, la pilule censée contribuer à lutter contre l’obésité. Impossible de savoir exactement ce qu’elle rapporte à ceux qui font du désir de maigrir un juteux marché. D’après le journal Le Monde, cette pilule est l’une des meilleures ventes de médicaments accessibles sans ordonnance en France, où elle a été commercialisée en 2009. En Suisse, elle est en vente libre depuis le début de l’année. La publicité (discrète mais efficace, j’ai l’impression de la voir partout) affiche une femme magnifique – pourquoi diantre voudrait-elle maigrir? Une sorte de Marianne James, voluptueuse et tonique. Moi, j’aurais très envie de lui demander de s’afficher pour aider les femmes rondes à s’accepter comme elles sont, plutôt que pour une traitement qui contribue à les faire se sentir trop grosses.
Du coup, je me demande comment elle vit cela, la “Femme-sur-la-pub-pour-Alli”. Elle fait son travail de mannequin, bien sûr. Mais pense-t-elle à toutes ces femmes qui, en la voyant, vont décider de débourser 100.- pour une boîte de pilules-minceur? Une parole de Naomi Wolf me vient à l’esprit: “Et si les femmes mettaient la même énergie et le même argent pour défendre leurs droits, en acquérir des nouveaux et changer le monde [que pour essayer de maigrir]?” demande-t-elle dans son livre The Beauty Myth. Pour ma part, j’ajouterais: et si on arrêtait de faire croire que cette pilule permet de faire maigrir? Les personnes qui ont essayé pourront le confirmer: le kilo perdu coûte très, très cher.
Et puis, paradoxe de notre société… aujourd’hui, c’était la journée du partage. Au supermarché, je me suis vue proposer un sac destiné à recevoir des achats que je déposerais à la sortie, avant d’être récoltés par des associations caritatives. Tiens, je me demande quelle tête aurait fait la dame préposée à la réception des dons si j’y avais glissé une boîte d’Alli?